
La plupart des gens ont la nostalgie du passé. Jérôme Attal a celle du présent. Il sait qu’il ne va pas durer. Qu’en restera-t-il ? Un lendemain. Le lendemain de quelque chose ou de quelqu’un. Une promesse donc. Il y a dans ce regard une élégance, celle qui porte ses idées négligées comme des costumes d’après la fête, des écharpes de petit matin, à marcher dans les rues grises du jour qui se lève. Le chic ultime. Le chic intime. Donc, Nico aime Laura. Statut de la relation : c’est compliqué. Parce qu’il n’y a pas de relation. Pas vraiment. Pas encore. Il y a un proverbe américain qui dit : If you can’t be with one you love, love the one you’re with. Si tu ne peux pas être avec celle que tu aimes, aime celle avec qui tu es. Nico, le personnage de ce roman, et double de fiction de son auteur, a une idée moins pratique et plus élevée du bon usage de l’amour. Habiter sa solitude. La porter avec suffisamment d’attitude pour que l’on n’en voit rien. Et garder avec soi quelque chose de Gainsbourg, mais ça c’est une autre histoire dans la même histoire. Il y a dans tous les romans de Jérôme Attal une éducation sentimentale. Comme dans « avoir de l’éducation ». Eternel jeune homme, Nico porte à sa boutonnière ses errances et ses renoncements. Continuer ou pas la fac après ce mémoire sur Francis Bacon. Persévérer ou pas avec son groupe de rock. Laura ou Inès. Des questions qui s’écrivent sans point d’interrogation. Il ne s’agit pas d’y trouver réponse. La réponse vous trouvera bien d’elle-même. L’important est alors de garder son amour propre, de ne pas le salir inutilement. La définition de l’élégance ou ce reste d’enfance qui refuse d’abdiquer. Ca tombe bien l’amour est roi. Et Jérôme est son prince charmant. L’âge des amours égoïstes, de Jérôme Attal. Aux éditions Robert Laffont.