Un jardin au désert – Carine Fernandez

Un roman porté par un beau personnage, haut en couleur et grand en humanité. Le vieux Talal, amoureux des femmes, de la vie, et de son jardin. La façon dont il va se révéler et se raconter au travers de sa relation avec Rezak, modeste jeune jardinier Egyptien. C’est une grande rencontre et un beau voyage qui nous emmène, de lumières en odeurs, de goûts en gestes, dans la poésie de ses mots, ses tournures, au plus profond de cette Arabie si peu connue, décrite dans une langue riche et sensuelle qui mets les âmes à fleur de peau. Il y a les beautés, il y a les duretés, ce mélange paradoxal d’archaisme et de modernité, incarné (au sens propre du terme – en chair) dans des personnages complexes, humains, donc aimables autant qu’aimants. J’ai beaucoup appris sur ce moyen orient, ce morceau de désert, où se télescope ville et désert, chaleur et pluies extrêmes, tradition et modernité, rigorisme et prospérité avec Talal. Amoureux, roublard, poète, jouisseur, humain jusque dans ses pires défauts, on se prend à aimer ce vieillard qui pousse son dernier cri de lion, rugissant à la face de sa famille décevante, de cette société corrompue, injuste, il reprend la barre. Même las de tout il n’a pas renoncé à être vivant, une dernière fois. Ce que les hommes font de leur vie. Et quel magnifique chant d’amour pour ces femmes, Mama Aïcha, Louwla l’insatisfaite, plus vraie que vraie, Sylvia.  Dahlia la rebelle, l’aimée et Rezak ce fils choisi, qui se sont trouvés dans l’amour commun que leur porte le vieux « Jeddoh », comme il semait les fleurs, les fruits, au jardin dans sa retraite hors du bruit. Magnifique métaphore au demeurant. Et la vraie richesse de donner sens à sa vie. C’est réussi de bout en bout. J’avoue que je n’avais pas vu venir la fin, et pourtant elle est si…Talal, que j’aurais dû !!!! Il y a beaucoup de grandeur et de majesté dans cet homme complexe et parfois tourmenté, jusque dans ses faiblesses. Sauvé toujours par sa soif inétanchable de jouir, d’accomplir, de faire pousser, d’aimer, de vivre quoi…. Ecce homo ! Un jardin au désert, de Carine Fernandez. Editions les Escales.