Comment sortir du monde – Marouane Bakhti

Il y a un dicton anglo-saxon qui dit qu’il ne faut jamais juger un livre à sa couverture. Never judge a book by its cover. C’est pourtant la couverture de celui-ci qui a attiré mon œil. L’objet lui-même, en fait. Petit format. Grand lettrage stylisé touchant le bord. Papier vieux rose. Coins arrondis. Un design qui détonne au milieu des autres romans. Je m’attendais en fait à un recueil de poèmes mal rangé par le libraire, mais de près, en haut, on trouve le mot roman. La première parution des nouvelles éditions du réveil réussit donc, avec ce graphisme original et élégant signé Ramdane Touhami à susciter l’intérêt. Never judge a book by its cover. Le titre donc : Sortir du monde. Une autre invitation. Après la forme, le titre évoque la poétique. Ça tombe bien. De la poésie il y en a dans ce texte cru et sensible. Et du style. Une juste adéquation entre le contenant et le contenu. WYSIWYG. Dès les premières pages, des phrases magnifiques sur lesquelles on s’arrête pour les garder encore un peu. Les souffrances du jeune Marouane. La découverte de sa différence. De ses différences. Son rapport quasi charnel à la nature qu’il écrit avec sublime. Le père, venu de loin. Ce père lointain même de près. La mère, d’ci. Être un mélange. D’ici et d’ailleurs. Mais être toujours regardé pour cet ailleurs étrange et étranger. Se trouver. Être soi. S’accepter. Son orientation sexuelle aussi. Dans ce qui aurait pu n’être qu’une auto fiction de plus, Marouane Bakhti fait oeuvre de littérature par la force d’une écriture incandescente et d’une sincérité absolue. Des racines qu’il découvre dans cette terre qu’il embrasse à ces ailes qu’il a su s’inventer pour prendre son envol d’homme. Never judge a book by its cover. Parfois la jeunesse ou le talent parviennent à faire mentir les adages. Marouane Bakhti a les deux. Et c’est tant mieux pour nous ! Comment sortir du monde, de Marouane Bakhti, aux Nouvelles éditions du Réveil