L’Albatros – Nicolas Houguet

l’Albatros est un texte beau et profond. L’auteur s’y livre avec beaucoup de sincérité mais aussi d’empathie. Il parle de lui mais il parle de nous, d’une écriture claire, même dans les moments sombres. De son handicap. Mais ne sommes-nous pas tous handicapés devant l’amour ? L’amour justement y est omniprésent, d’abord et encore. Celui des parents. Celui pour les parents, le frère, et pour Elle, celle, si proche, qu’il ne voit plus qu’a distance, dans la foule de la fosse du concert, quand lui est loin, placé dans son fauteuil roulant près de la console de sonorisation. Triste métaphore d’une séparation plus profonde. Ecrit à la première personne, le livre émouvant est porté par la voix sincère et sensible, remarquablement lucide aussi, de son auteur. Nicolas Houguet est un écrivain, c’est à cela qu’on les reconnaît, à leur « voix ». D’ailleurs, il y a un côté «beat » dans le « parlé », l’importance de la musique, de la transe, du trajet, la façon dont il décrit les autres, dont ils ont incarnés, présents. On pense à Kerouac et par moments au backstage des concerts de la Rolling thunder review de Dylan. Le fil «conducteur » du livre est d’ailleurs un concert de Patti Smith qui revient par vagues (il y a du rythme…) et donne cette « immersion » supplémentaire, au fil des reprises … plus qu’une bande son…c’est entrelacé (le mot est précisément choisi), comme un mix d’album, ça fait un tout, et ça, c’est très fort. Surtout pour un musicien comme moi. De la musicalité, il y a en a aussi dans les phrases, les pages qui d’ailleurs s’épurent de plus en plus en voguant vers « Because the night… ». Fondu au bleu-nuit. Coda. Bravo. L’Albatros de Nicolas Houguet, éditions Stock.