Les jours heureux – Adelaïde de Clermont-Tonnerre

La vie, l’amour, la mort. L’amour surtout. L’amour avant tout. Avant la mort surtout. Ces jours heureux – qui le sont parfois sans le savoir – sont comme des montagnes russes, faits de sommets et de creux, qu’ils enchaînent avec ivresse. Sous des allures de jeu de piste, c’est à une éducation sentimentale que nous convie Adelaïde de Clermont-Tonnerre. Celle d’Oscar Laventi, jeune scénariste de télévision. Bien sûr, qui dit éducation dit parents, et ses parents, Edouard et Laure, eux-mêmes scénaristes et réalisateurs à succès, lui ont plutôt donné l’exemple d’un amour en montagnes russes. Des sommets enivrants et des creux abyssaux. Entre divorces et remariages. Roller coaster. Ni avec toi ni sans toi. Alors, le mode d‘emploi, Oscar le cherche dans les femmes qui le trouvent. Ses parents il les prend pour modèle ailleurs. L’amour de l’art. Pas l’art de l’amour. Enfin… c’est plus compliqué que ça. Parce que le monde est compliqué. Et grand. En fait pas tant que ça. Pour certains, le monde est moins grand que pour les autres. Il est juste plus profond. Vous ne le savez peut-être pas mais les montagnes russes se traduisent en russe par американские горки: montagnes américaines. Effet miroir. Un miroir de l’époque que justement nous tend, sans concession, Adelaïde de Clermont-Tonnerre. Comme elle l’avait déjà fait avec « Le dernier des nôtres », elle met l’amour au danger du monde, de ses bouleversements, de son histoire. Montagnes russes : l’élection de Trump. Montagnes américaines : les manœuvres de Poutine. Un monde qui se fissure jusque sous les pieds de ses personnages. Un Me Too qui vient ébranler leur milieu. Onde de choc. On en fait des films. On en perd des vies. Adelaïde de Clermont-Tonnerre délivre en chemin de puissants portraits de femmes. De celles qui troublent les sens, inspirent les artistes et font chuter les empires. Féministes, chacune à leur façon, chacune dans leurs combats comme dans leurs ébats (ces pages, d’une vénéneuse beauté, sont particulièrement réussies). La vie, l’amour, la mort. Le sens de la vie donc. La vie où chacun ne va pas dans le même sens. A moins que… dans un final magnifique autant qu’inattendu, on arrive à le surprendre, le monde. A lui faire rendre gorge d’une bouffée d’amour plus grande que lui. Et donner tous les espoirs. Certains romans sont parfumés à l’eau de rose. Celui-ci, tout de beauté douloureuse et de grâce enivrante puise plutôt dans les roses ce qu’elles ont : des pétales d’une douceur infinie, et des épines à se blesser jusqu’au sang. Comme la vie. Comme l’amour. Et merde à la mort !  Les jours heureux – Adelaïde de Clermont-Tonnerre – Editions Grasset

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